L’actualité commentée

Avril 2021

Quatre avocates hors des sentiers battus

Le 27 avril 2021

D’habitude, un avocat est indépendant. Il travaille seul, à son profit, même s’il fait partie d’un cabinet regroupant un certain nombre de ses consœurs et confrères.

Mots-clés associés à cet article : Avocat , Aide juridique

Problèmes juridiques Et psychosociaux

Quatre jeunes femmes avocates, spécialisées en droit des étrangers et en droit familial, ont décidé de travailler autrement, d’innover, de sortir des sentiers battus. Chacune de son côté jugeait son quotidien peu satisfaisant, trouvait qu’elle n’accompagnait pas correctement ses clients. Ceux-ci avaient bien sûr un problème juridique pour lequel ils arrivaient chez elle. C’était, par exemple, une personne étrangère qui souhaitait obtenir une autorisation de vivre en Belgique ou bien une dame désirant porter plainte contre un mari violent. Mais souvent, ces deux personnes avaient d’autres problèmes : la dame voulant se séparer d’un mari violent devait trouver un emploi et vivait aussi certains problèmes liés à des enfants. Quant à la personne étrangère, sans papier, elle était aussi sans logement.
Bref, les clients qui s’adressaient à elle avaient de multiples difficultés, juridiques pour lesquelles les avocates étaient compétentes, mais aussi psychosociales, hors de leurs compétences.

Un travail épuisant

Comme ces avocates rencontraient surtout des personnes fort défavorisées ayant de multiples difficultés, les aider à résoudre celles-ci était généralement compliqué et exigeait de très nombreuses heures de travail. Ces personnes avaient généralement droit à l’aide juridique mais celle-ci paie les avocats concernés non seulement très tardivement mais aussi trop peu par rapport au temps nécessaire. Les avocates constataient donc un travail épuisant, qu’elles estimaient ne pas accomplir au mieux. À plus ou moins court terme, elles craignaient l’épuisement ; elles voyaient de nombreux collègues abandonnant ou limitant effectivement leurs dossiers dans le cadre de l’aide juridique.
De ces deux constats est née l’idée de créer Casa legal, une A.S.B.L. comme il en existe en soins de santé, avec certaines maisons médicales.

Créer ensemble la confiance

Au quotidien, les avocates travaillent à deux, en binôme. Elles reçoivent ensemble les clients et, dès qu’il existe un problème social, un assistant social est présent. Comme les professionnels sont plusieurs à connaitre la situation de la personne, celle-ci se sent entourée et plus rapidement prête à faire confiance. Elle ne doit pas non plus répéter et répéter encore son histoire et ses difficultés. Comme avocates et assistant social ont ainsi tous les mêmes informations, ils peuvent aussi discuter ensemble, mieux analyser la situation et envisager les démarches les plus efficaces. De son côté, l’assistant social peut accompagner la personne lors de démarches compliquées pour elle, comme trouver un logement, une formation.
Les avocates se sont aussi formées à la gestion collective de leur A.S.B.L.

Pourquoi une A.S.B.L. ?

Une A.S.B.L., c’est donc une » association sans but lucratif », une association créée avec un objectif précis mais dont le but n’est pas de gagner de l’argent. Une A.S.B.L. engage donc des personnes auxquelles elle paie un salaire fixe. Pour les quatre avocates, cette A.S.B.L. était une évidence, elles seraient des travailleuses salariées et non des indépendantes. L’A.S.B.L. s’imposait d’autant plus qu’elle permettait de lutter contre une idée reçue qui laisse entendre qu’un avocat risque de « faire trainer les choses » pour gagner davantage d’argent.
Quant aux clients, ou ils peuvent bénéficier de l’aide juridique ou ils paient en fonction de leurs revenus : moins ils gagnent, moins ils paient et inversement. Ils connaissent aussi dès le départ le prix qu’ils devront payer.

L’objectif et la raison d’être de Casa legal, c’est en fait de permettre à des personnes souvent défavorisées, fragilisées, de prendre leur vie en main.

Commentaires

  1. Quatre avocates hors des sentiers battus

    17 mai 2021

    Amandine J

    Super idée dans ce domaine qui en a tant besoin !!

  2. Quatre avocates hors des sentiers battus

    28 avril 2021

    Amandine

    Bravo, et longue vie à la Casa legal ASBL et à leurs créatives et courageuses entrepreneures.

  3. Quatre avocates hors des sentiers battus

    28 avril 2021

    Skoby

    Initiative intéressante mais sur le plan légal, en faire une ASBL pose question.

  4. Quatre avocates hors des sentiers battus

    28 avril 2021

    Vanommeslaeghe Stéphane

    Bonjour,

    Je fais partie de ceux qui pensent qu’il est possible de préserver concrètement une indépendance fonctionnelle tout en étant soumis à un régime régis par un contrat de travail et que la profession d’avocat gagnerait à permettre la possibilité d’une telle organisation à côté du statut d’indépendant (comme un médecin ou un architecte, également soumis à une exigence d’indépendance professionnelle à l’égard du patient ou du client). Au vu de l’organisation concrète de certaines structures professionnelles, il est d’ailleurs étonnant - hors pétition de principe - qu’une telle qualification ne se soit pas imposée d’elle-même pour la profession d’avocat.

    Par-delà une présentation intéressante en termes de projet et de structure, une telle possibilité d’organisation en ASBL est-elle désormais avalisée par l’Ordre des avocats ?

    Bonne journée,

    Stéphane Vanommeslaeghe

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