L’actualité commentée

Décembre 2018

Un conjoint, c’est une personne mariée à une autre

Le 27 décembre 2018

M. Coman, citoyen américano-roumain, et M. Hamilton, citoyen américain, ont cohabité pendant quatre ans aux États-Unis.
En 2010, arrivés à Bruxelles suite au travail de M. Coman comme assistant parlementaire, les deux hommes se sont mariés.

Image @ Netafrique

En effet, en Belgique, le mariage homosexuel est possible pour des personnes étrangères, à condition que l’une d’elles vive en Belgique depuis plus de trois mois.
Ce mariage est autorisé, même si les pays d’origine des personnes concernées ne le permettent pas.
De retour en Roumanie, M. Coman fait les démarches pour obtenir le « regroupement familial », donc un titre de séjour pour M. Hamilton, son conjoint. La Roumanie refuse.

Dans le monde…

Les Pays-Bas ont, les premiers, permis le mariage entre personnes de même sexe, en 2001.
La Cour européenne des droits de l’Homme, en 2015, demande aux 47 États membres de prévoir une reconnaissance juridique des unions entre personnes de même sexe, par exemple un partenariat civil enregistré.
En Amérique latine, une dizaine de pays devraient légaliser le mariage homosexuel pour se conformer à une décision de 2017 de la Cour interaméricaine des droits de l’Homme.
Le 5 juin 2018, l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne concernant le mariage de M. Coman et M. Hamilton va se référer à un droit fondamental des citoyens de l’Union européenne (le droit de libre circulation) pour en garantir un autre. Expliquons-nous.

Conjoint, c’est-à-dire ?

Le tribunal roumain refuse donc d’accorder un droit de séjour de plus de trois mois à M. Hamilton. Pour la Roumanie, M. Hamilton ne peut être qualifié de « conjoint » puisque l’État ne reconnait pas le mariage homosexuel.
C’est alors à la Cour constitutionnelle roumaine de se questionner. En refusant ce droit de séjour permanent à M. Hamilton, n’y a-t’il pas non respect de la liberté de circulation et discrimination liée à l’orientation sexuelle ? Et encore violation du droit à une vie privée et familiale ?
À son tour, la Cour constitutionnelle roumaine s’adresse à la Cour de justice de l’Union européenne, qui veille au respect du droit européen dans l’Union. Elle lui demande d’abord ce que signifie le mot « conjoint ».
Se référant à un arrêt rendu en 2001, la Cour de justice de l’Union européenne définit le conjoint comme une personne mariée à une autre et « neutre du point de vue du genre ».

Et la liberté de circulation ?

La Cour invoque alors un droit fondamental en Europe, celui de circuler et de séjourner librement dans tous les États de l’Union européenne. Ne pas reconnaître le mariage de personnes de même sexe pour refuser un droit de séjour au conjoint d’un citoyen européen, c’est entraver ce droit ; en effet, ce citoyen sera découragé à circuler au sein des États européens qui ne reconnaissent pas ce type de mariage. C’est aussi considérer qu’il pourrait ne pas être respecté dans tous les États de l’Union.
La Cour précise bien que la libre circulation des personnes peut être restreinte s’il y a risque, par exemple, de porter atteinte à l’intérêt général. Dans ce cas-ci, il s’agirait de l’institution du mariage ou même de l’identité nationale en Roumanie. Il n’existe aucun risque de ce genre, dit la Cour, parce qu’octroyer un droit de séjour à un ressortissant d’un pays non-membre de l’Union en tant que partenaire d’un mariage homosexuel n’exige absolument pas que la Roumanie reconnaisse le mariage homosexuel.

Le droit à une vie familiale et privée

La Cour rappelle enfin qu’entraver la libre circulation des personnes ne peut exister que si les droits fondamentaux de l’Union européenne sont respectés. Selon la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’Homme (qui, elle, veille au respect de la Convention européenne des droits de l’Homme), la relation entretenue par un couple homosexuel concerne sa « vie privée » ainsi que sa « vie familiale » comme pour n’importe quel couple hétérosexuel dans la même situation ». Ne pas autoriser la libre circulation met donc aussi à mal le droit à la vie privée et familiale.

En conclusion, dit la Cour de justice de l’Union européenne, il y a obligation pour tous les États membres de l’Union, même ceux qui ne veulent pas entendre parler d’un mariage homosexuel, de reconnaitre un mariage homosexuel célébré dans un autre État membre.

Sources :
Cour de justice de l’Union européenne - Communiqué de presse 80/2018, 5 juin.

Commentaires

  1. Un conjoint, c’est une personne mariée à une autre

    28 décembre 2018

    Schobbens Michel

    Je trouve que les Etats peuvent éventuellement refuser ces mariages mais n’ont pas le droit de leur refuser l’entrée sur leur territoire.

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