Une grande colombe, ailes déployées, accueille les visiteurs venus découvrir les expositions célébrant au musée de l’Homme, au Palais du Trocadero à Paris, là où elle a été signée il y a septante ans, le 10 décembre 1948, la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
Mots-clés associés à cet article : Droits de l’homme , Déclaration universelle des droits de l’homme , Droits humains
Une colombe, symbole de paix, de sérénité, d’harmonie… parce que le Musée entend « porter loin le message humaniste et universaliste, celui de l’aventure humaine et des droits à la liberté et à l’égalité pour tous ».
Différentes expositions illustrent et questionnent la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Onze artistes ont été choisis pour en illustrer neuf des trente articles.
La « Saison EN DROITS » ouvre ses portes au Musée de l’Homme jusqu’en juin 2019. Elle se décline en plusieurs expos ou installations :
Une rétrospective Salgado
Sebastiao Salgado et Lélia Wanick Salgado ont choisi trente photos, toujours en noir et blanc, pour que le spectateur, les regardant, découvre un tout et ne soit pas attiré par une tache de couleur qui lui ferait manquer la vue d’ensemble… Ces photos, prises dans vingt pays, témoignent, interpellent même si parfois, elles semblent aussi magnifier une réalité difficile, pénible à vivre. On découvre de jeunes garçons soudanais fréquentant une école sous les arbres ; devant un cahier d’écolier, une fillette des paysans sans terre accroche le visiteur d’un regard perçant : « Tout individu a droit à l’éducation », dit l’article 26 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
Plus loin, des femmes indiennes trient du café, grain par grain tandis qu’un homme, dans une position à la fois acrobatique et dansante, répare les tuyauteries d’un haut fourneau : « Tout individu a droit au travail ». Ou encore, dans d’immenses dunes de sable, un homme seul prie, en Algérie, illustrant, lui, l’article 19 : « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression ». Citons encore ces bébés des rues de Sao Paulo qui prennent le soleil et sont recueillis par une Fondation : tout le monde n’a-t’il pas droit à la vie ?!
Graffeurs pour l’égalité : « J’ai le droit d’avoir des droits »
« Street art, art urbain, graffiti, sont autant de noms pour désigner une pratique créative sinon artistique emblématique de la revendication humaine et de sa conquête de liberté. C’est aussi l’art de la dénonciation des maux de notre société », explique le catalogue de la « Saison EN DROITS ! ». Quoi de plus logique donc, de donner une place à ces créateurs qui rappellent que nos droits ont souvent été le résultat de luttes ! C’est aussi une main tendue aux plus jeunes générations.
Six dimanches de janvier et février, les œuvres de Lek et Sowat, Swoon, Goin, Madame, Denis Meyers ou encore Zag et Sia ont été créées en présence des visiteurs. Elles forment maintenant l’exposition « J’ai le droit d’avoir des droits ». Les techniques employées par les artistes sont diverses : peinture, collage, sérigraphie, pochoir, anamorphose. Un exemple, cette anamorphose de Zag et Sia : elle illustre l’article 25 (« Droit à un niveau de vie suffisant ») par la réalisation (on a envie de dire : l’installation !) d’un personnage en trompe l’œil sur les marches d’un escalier.
Tromelin, l’île des esclaves oubliés
« Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitudes », dit l’article 4 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Et pourtant, il y a peu, des humains ont été vendus en Libye… Il n’est donc pas inutile de rappeler cet article, en racontant l’histoire des esclaves oubliés.
Le 17 novembre 1760, l’Utile, un navire de la Compagnie française des Indes orientales, embarque en fraude 160 esclaves malgaches. Il échoue sur une île déserte, alors appelée l’île de sable. Lorsque l’équipage regagne Madagascar sur un bateau de fortune, il promet aux 80 esclaves rescapés du naufrage de revenir les chercher.
Quinze ans plus tard seulement, l’enseigne de vaisseau Tromelin viendra rechercher sept femmes et un enfant survivants…
Trois étapes sont à découvrir dans l’exposition « Tromelin, l’île des oubliés ». Une première partie concerne l’histoire de la traite des noirs. Ensuite, une partie archéologique permet de découvrir ou d’entrevoir comment ces naufragés ont survécu, comment ils se sont organisés. Enfin, une partie mémorielle propose des documents et coupures de presse relatifs à l’esclavage… d’aujourd’hui !
« L’ensemble de ces observations montre à l’évidence que les rescapés, coupés de leurs racines, achetés comme une marchandise, réduits en esclavage, abandonnés dans le dénuement le plus complet, n’ont pas été écrasés par leur situation, qu’ils se sont organisés, ont lutté et ont fait preuve d’ingéniosité, de capacités d’adaptation pour surmonter leur isolement et un environnement hostile. Ils ont utilisé les rares ressources qui leur étaient offertes pour survivre et rebâtir une petite société, recouvrant par là même la dignité et l’humanité qui leur avaient été déniées. C’est cette leçon-là qui est au centre de l’histoire, la démonstration par la force vitale, la volonté, l’intelligence, de l’ineptie d’une prétendue inégalité entre les hommes ».
La « Saison En droits » est à découvrir au Musée de l’Homme, place du Trocadéro, à Paris, jusqu’au 30 juin 2019. Ouvert tous les jours de 10 à 18 heures, sauf le mardi.
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