L’actualité commentée

Avril 2019

Le droit d’asile est un droit fondamental

Le 22 avril 2019

Quand une personne est gravement en danger ou persécutée dans son propre pays, elle peut décider de le quitter. Si elle est étrangère à l’Union européenne et qu’elle souhaite alors vivre en Belgique, elle doit commencer par « demander asile à notre pays ».
Concrètement, elle doit s’adresser à l’Office des étrangers, à Bruxelles. Quand elle est reconnue comme « demandeuse d’asile », elle a droit à un hébergement et à une assistance médicale et psychologique.

Image @ rtbf.be

Généralement, un demandeur d’asile résidera dans un centre d’accueil en attendant une convocation du Commissariat général aux réfugiés et apatrides (CGRA). C’est ce dernier qui décidera si, oui ou non, il peut être reconnu comme « réfugié » et vivre en Belgique. Ceci est détaillé dans l’article suivant publié sur Questions-Justice : « Demandeurs d’asile : une longue procédure ».

Cinquante demandes par jour

En novembre 2018, le secrétaire d’État à l’asile et à la migration de l’époque, Theo Francken, a décidé que seulement cinquante demandeurs d’asile par jour pouvaient être reçus à l’Office des étrangers. Selon lui, il fallait diminuer le nombre de demandeurs d’asile qui, une fois reconnus, devaient être logés dans les centres d’accueil. Ceux-ci auraient manqué de place. Or, il semble bien que cela n’était pas exact et que des places vacantes existaient dans les Centres de l’Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile (FEDASIL). La décision de Theo Francken ne se justifiait donc vraisemblablement pas par le manque de place. Elle était plutôt « politique », c’est-à-dire décidée en fonction des idées et objectifs de son parti et pas d’une réalité objective.
Conséquence de cette décision : les personnes non reçues par l’Office des étrangers n’étaient pas reconnues « demandeuses d’asile » ; elles n’avaient donc pas doit à l’accueil, l’hébergement et l’assistance médicale et psychologique. Elles devaient continuer à vivre dans la rue en attendant de se représenter le lendemain à l’Office des étrangers. Et cela pouvait durer dix jours.

Que dit la loi ?

Sept ASBL du nord et du sud du pays, par exemple la Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés, la Ligue des droits humains, Dokters van de wereld-Médecins du monde ou encore la Coordination et initiatives pour et avec les réfugiés et étrangers (CIRE) se sont adressées au Conseil d’État : elles ont introduit une requête en demandant, en extrême urgence, la suspension de cette décision. Elles considèrent qu’instaurer un quota est illégal et ne respecte pas les lois belges et internationales concernant le droit d’asile et le statut des réfugiés.
En effet, la loi du 15 décembre 1980 au sujet de l’accès des étrangers à la Belgique, de leur séjour, leur établissement et leur éloignement prévoit qu’une demande de protection internationale doit être effectuée dès l’arrivée en Belgique ou « au moins dans les huit jours ouvrables après être entré dans le Royaume ».
Du côté des lois européennes, une directive prévoit clairement que toute personne a le droit de demander une protection internationale, donc, par exemple, de demander l’asile à la Belgique.

Arrêt du Conseil d’État

Le Conseil d’État a donné raison aux sept associations. Il a jugé que la limitation à cinquante demandes d’asile par jour rendait exagérément difficile l’accès à la procédure de demande de protection. Le quota journalier des demandes d’asile a donc été suspendu, le 20 décembre 2018.
Le Conseil d’État rappelle que, selon la Convention de Genève de 1951 sur le statut des réfugiés, telle que ratifiée par la Belgique, toute personne en situation irrégulière en Belgique et qui se sent en danger dans son propre pays, doit pouvoir faire une demande d’asile à l’Office des étrangers.
Le droit de demander l’asile est un droit fondamental. L’accès à la procédure doit donc être garanti. Instaurer un quota est illégal.
Maggie De Block, la ministre actuelle, l’a supprimé.
Une suspension n’est pas un jugement définitif. Il permet de suspendre la décision pendant le temps de la procédure, pour éviter des effets irréversibles. Une suspension existe donc jusqu’à ce qu’une décision ait tranché.
Le quota ayant été supprimé par la ministre actuelle, la procédure n’ira sans doute pas plus loin.

Commentaires

  1. Le droit d’asile est un droit fondamental

    22 avril 2019

    Michel Schobbens

    Pas de problème avec cette décision mais si le nombre journalier est très élevé
    les fonctionnaires n’arriveront pas à suivre un énorme nombre de demandes
    chaque jour. De plus, combien de demandes peuvent -elles êtres accordées par mois ? Il faudrait au sujet de l’immigration un certain nombre de règles Européennes.