Les rouages de la justice

Les professionnels gravitant autour de la justice et du droit

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Droits quotidiens ou tout pour un langage juridique clair !

Le 13 août 2020

Pendant les vacances, Questions-Justice rencontre quelques professionnels qui, de plus ou moins près, sont concernés par la justice et son fonctionnement. Nous leur posons une première question : « Comment, par votre activité, faites-vous connaitre la justice ? » avant de leur demander de nous expliquer leur pratique ou leur réalisation.
Cette fois, nous entendons une juriste de l’association « Droits quotidiens ». Depuis plus de vingt ans, celle-ci travaille à permettre à tous l’accès à la bonne information juridique au bon moment et cela, dans un langage clair, compréhensible, accessible.

Mots-clés associés à cet article : Droits quotidiens , Langage juridique , Vocabulaire juridique

À notre question, la juriste répond par une autre question : « … ou comment éviter d’avoir recours à la justice ? ». Oui, répond-t’elle : « Le fait d’utiliser un langage clair permet de comprendre une décision judiciaire qui a été rendue, de mieux l’accepter et donc d’éviter un recours. Autre situation : des gens sont persuadés d’avoir tel ou tel droit par rapport à un voisin, un conjoint, ils engagent un avocat, lancent une procédure et, au final, ce sera contreproductif alors qu’une explication en amont aurait permis un gain de temps et d’énergie ». Elle précise plus largement : « Le droit est complexe, il doit être clarifié ! De nombreux mots peuvent être remplacés par des mots du langage courant. D’autres, vraiment spécifiques au monde juridique et judiciaire ne peuvent pas être remplacés mais bien expliqués, définis. On peut aussi ne pas seulement recourir au langage mais utiliser des schémas, par exemple pour illustrer des procédures ».

Du langage au numérique

Droits quotidiens vient d’ailleurs de se restructurer en trois entités :

  • l’entité historique, devenue aujourd’hui « Droits quotidiens legal info », qui veut donc donner une information juridique dans un langage clair et compréhensible pour toute personne ;
  • « Droit juridique legal design » propose des outils, autres que le langage, pour clarifier les mêmes informations ;
  • « Droits quotidiens tech » vise toujours une information juridique compréhensible, donnée au bon moment, cette fois via des solutions numériques.

Le public précarisé via les services sociaux

Le public-cible de Droits quotidiens, ce sont les travailleurs sociaux : l’association organise donc un soutien juridique aux travailleurs sociaux dans le but de toucher les personnes précarisées, souvent en contact avec un travailleur social. Face à une question juridique, le travailleur social peut consulter la base de données du site et, par exemple, les réponses aux 2500 questions juridiques qui sont régulièrement posées, le lexique ou encore les arborescences concernant différents domaines (logement, famille, argent, travail, étrangers, protection sociale, justice, énergie). S’ils sont abonnés (ce qui est le cas de centaines de services sociaux), les travailleurs sociaux peuvent aussi téléphoner au service de consultations.
Un citoyen lambda a accès gratuitement à environ 60 % du site. Ce citoyen peut aussi s’abonner, ce qui lui donne alors droit à l’accès complet au site plus à trois consultations juridiques annuelles (79 euros).

Au départ : une question, du concret

Les informations que l’on peut glaner sur le site de Droits quotidiens partent d’une question, il ne s’agit pas d’exposer une théorie pour elle-même. Ainsi, lorsque je suis convoqué à une audience, je peux trouver réponse à différentes interrogations : « Puis-je prendre contact directement avec le juge ? Suis-je obligé de prendre un avocat ? À qui m’adresser pour avoir certains renseignements sur la procédure en justice ? etc. ». De clic en clic, à partir de « Tribunal », je progresse dans l’arborescence : « Tribunal > Je suis convoqué en justice > Au civil > Convocation à l’audience > Puis-je prendre contact directement avec le juge »…

Toujours à jour mais pas trop tôt !

« Nous travaillons quotidiennement sur la base de données pour la mettre à jour, explique la juriste interviewée. Nous relevons le Moniteur belge tous les jours. Mais, alors que beaucoup de médias communiquent rapidement sur de nouveaux projets de loi ou de nouvelles lois dès qu’elles sont votées à la Chambre des représentants, par exemple, nous ne communiquons que lorsqu’une loi est entrée en vigueur. Nous communiquons sur le droit tel qu’il est maintenant ». Cette manière de faire évite des désillusions et du temps perdu au public concerné, tenté de faire des démarches dès qu’il est question d’un changement.
Une innovation : Lexie !
Ayant constaté que les personnes en recherche d’informations zappent facilement lorsqu’elles ne trouvent pas immédiatement le renseignement voulu, Droits quotidiens recourt maintenant aux services d’une assistante virtuelle prénommée Lexie. Actuellement, celle-ci n’intervient qu’en matière d’aide juridique. Dès le départ, elle interroge la personne connectée : vivez-vous seul ? Avez-vous des enfants ? etc., et elle l’amène d’emblée à la fiche de renseignements dont elle a besoin ! Il n’est même plus nécessaire de passer par l’arborescence « Tribunal > Avocat > Aide juridique »…
En sus du site internet avec questions-réponses en langage clair et du service de consultations par téléphone, Droits quotidiens propose encore des formations sur différentes thématiques juridiques et des publications comme des modèles de lettres, des outils pédagogiques, des contrats compréhensibles, etc.

Commentaires

  1. Droits quotidiens ou tout pour un langage juridique clair !

    15 août 2020

    Skoby

    Cela me paraît très intéressant et est à mes yeux, un grand progrès !