Pendant les vacances, Questions-Justice rencontre quelques professionnels qui, de plus ou moins près, sont concernés par la justice et son fonctionnement. Nous leur posons une première question : « Comment, par votre activité, faites-vous connaitre la justice ? » avant de leur demander de nous expliquer leur pratique ou leur réalisation. Cette fois, nous avons interviewé une professeure de droit.
M. enseigne le droit à de futurs éducateurs et enseignants du secondaire en section sciences économiques. Elle forme également de futurs conseillers conjugaux et familiaux.
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« Généralement, dit-elle, la première partie du cours de droit est consacrée à découvrir la justice. Il s’agit tout d’abord de distinguer le droit de la justice, différence que ne font pas d’emblée la plupart des étudiants. Le droit, ce sont les règles, on les trouve dans les articles de loi par exemple. La justice, c’est la manière dont on va arbitrer, trancher des conflits en appliquant le droit. J’en explique les grands principes ».
S’approprier le vocabulaire
« Il n’est pas question de transformer les étudiants en juristes ou en avocats mais bien de leur permettre de devenir des professionnels qui comprendront les documents émanant de la justice, auxquels ils seront confrontés ». Ces jeunes doivent donc commencer par s’approprier tout un vocabulaire, ils doivent savoir qu’une requête est une demande, qu’une ordonnance est une décision d’un juge, etc. Pour leur permettre d’acquérir ce vocabulaire professionnel, la professeure travaille avec de vrais actes de procédure.
Autre indispensable découverte : la pyramide des juridictions, les différents tribunaux, leur spécialité et leur fonctionnement (notamment en recourant à www.questions-justice.be !). « Souvent, raconte M., je fais construire cette pyramide par les étudiants eux-mêmes, en partant d’exemples que je leur donne ou qu’ils amènent. Je pars de l’actualité judiciaire du moment et j’utilise aussi des décisions antérieures, d’anciens documents de procédure que je connais via ma pratique ». Dans leur vie professionnelle, ces jeunes se retrouveront, par exemple, face à des personnes convoquées dans tel ou tel tribunal et ils devront savoir comment les choses se dérouleront. M. leur propose de nombreux exercices pour découvrir cette matière, du basique (Dans quel tribunal sera jugé tel conflit ?) au plus complexe.
Le palais de justice
Les étudiants et leur professeure visitent aussi le palais de justice de Bruxelles et celle-ci explique : « C’est important qu’ils se rendent compte de ce qu’est ce lieu, assez impressionnant. Tant qu’ils n’y sont pas entrés, ils ne peuvent pas imaginer ce que les gens qu’ils vont avoir en face d’eux ressentiront dans cette situation. Or, dans le futur, un éducateur spécialisé devra accompagner un jeune au tribunal de la jeunesse, ou une personne sortant de prison ou encore une femme victime de violence conjugale qui a porté plainte contre son mari ».
Les étudiants suivent alors une audience et voient, en quelque sorte, vivre la théorie engrangée au cours : ils visualisent ce qu’ils ont découvert en classe. Cette visite est menée avec une série de questions aidant à percevoir et comprendre le déroulement d’une audience et suivie d’un débriefing. Plus tard, les étudiants sont mis en situation via un jeu de rôle où ils tiennent effectivement le rôle des différents protagonistes d’un procès. « Souvent, je choisis un cas dans l’actualité et ils inventent l’issue, sans savoir réellement comment cela va se passer. Ou bien je choisis un cas dont je connais la fin et nous comparons leur décision et la réalité ».
M. utilise aussi de nombreux reportages, films, extraits de diverses émissions concernant des procès. Elle sélectionne certains passages qui permettent également de voir et de comprendre le déroulement d’un procès civil ou pénal (il faut faire la différence).
Le cours de droit enseigne évidemment d’autres matières comme par exemple le droit du mariage, du divorce ou encore du locataire/propriétaire. Pour les aborder, la professeure part du quotidien, de la vie réelle, de cas concrets passés devant un tribunal.
Justice sans la Justice
« Enfin, comme professeure de droit, conclut M., je trouve important de dire aux étudiants que, lorsqu’il y a moyen de régler un conflit autrement que devant un tribunal, cela vaut la peine d’essayer ce moyen quand on pense qu’il offre des chances d’aboutir. Donc oui, je défends ces modes alternatifs de règlement de conflit comme la médiation ou le droit collaboratif. Dans les matières qui touchent à la personne, au couple, à la famille et même aux relations employeurs/travailleurs, propriétaires/locataires ou encore aux conflits de voisinage, la médiation peut très bien fonctionner. Il arrive même que la justice elle-même propose (ou oblige, par exemple le tribunal de la jeunesse) de régler le conflit en dehors d’elle et d’avoir recours à la médiation ! ».
Comment faire connaitre la justice et son fonctionnement à des étudiants ?
31 juillet 2020
Skoby
Cela me paraît très bien expliqué et fort utile pour les candidats aux études de droit.
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