Un comptable d’une ASBL bruxelloise postait sur Facebook des liens qui renvoyaient à des mouvements soutenant la « quenelle ». La « quenelle », c’est un geste rappelant le salut nazi. Il a été inventé par Dieudonné, un humoriste français plusieurs fois condamné pour incitation à la haine et propos racistes et antisémites.
Mots-clés associés à cet article : Facebook , Liberté d’expression , Réseaux sociaux , Travail , Liker , Licenciement
L’employeur du comptable avait exigé que celui-ci retire ces contenus et cesse de partager ce genre de liens. Il considérait qu’ils heurtaient l’opinion publique et nuisait à la réputation de l’ASBL. L’employé s’y était engagé par écrit.
Mais il a recommencé, il a « liké » des publications du même style. Son employeur l’a alors licencié. Pas d’accord, le comptable s’est adressé à la justice, qui a confirmé son licenciement pour faute grave. Ce licenciement a été confirmé en appel par la Cour du travail de Liège.
« Liker », c’est aussi « Je suis d’accord »
Le comptable plaidait qu’il avait exercé son droit à la liberté d’expression. Aimer un contenu ne voulait, selon lui, pas dire qu’il le partageait. Il estimait avoir respecté le contrat signé précédemment.
La justice en a jugé autrement. Pour elle, « liker », autrement dit préciser « j’aime », c’est considérer que les idées émises par un autre sont aussi les siennes. C’est effectivement aussi manifester son droit à la liberté d’expression.
Ce droit existe bel et bien mais, comme pour la plupart des droits, son utilisation est limitée par l’expression d’autres droits ! Ainsi tenir des propos racistes ou appelant à la haine est interdit et punissable. D’autre part, les travailleurs d’une entreprise ont, vis-à-vis de celle-ci, un devoir de loyauté, de réserve, de discrétion.
La justice a tranché : L’ASBL (qui travaille à la mise en valeur du centre-ville bruxellois) pouvait juger que les pratiques de cet employé sur les réseaux sociaux lui faisaient du tort. Leurs valeurs respectives étaient en conflit. Dans ce cas, même si rien ne pouvait être reproché à l’employé à propos de son travail, l’employeur avait le droit de le licencier.
« Liker », c’est public
Les tribunaux ont donc considéré, contrairement à ce que pensait/disait l’employé, que « liker » sur Facebook, équivalait à s’exprimer publiquement. Et cela, même si l’utilisateur du réseau ne s’en rend pas compte, même s’il le fait très rapidement, sans réfléchir.
Utiliser Facebook, c’est dire ce qu’on pense sur la place publique ! L’oublier peut couter cher. En effet, dans certaines circonstances et même si elle est un droit fondamental de notre société, la liberté d’expression doit parfois s’effacer devant d’autres droits.
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