L’actualité commentée

Juillet 2023

La prise en charge des victimes de violences sexuelles

Le 10 juillet 2023

En Belgique, il existe actuellement sept centres de prise en charge des victimes de violences sexuelles (CPVS). Ouverts sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ils sont situés à Bruxelles, Gand, Liège, Anvers, Charleroi, Roulers et Louvain.

Pourquoi ces récents nouveaux centres ? Pour plusieurs raisons, principalement pour rassembler en un seul lieu tous les soins dont pourrait bénéficier une personne victime de violences sexuelles. Pour offrir à celle-ci une prise en charge complète et multidisciplinaire par un personnel qualifié et spécialisé.

Jadis, l’aléatoire

Avant la création et l’ouverture de ces centres, la prise en charge d’une victime de violences sexuelles était aléatoire. Celle-ci se présentait, par exemple, dans un service d’urgence, un lieu fréquenté par beaucoup de monde, avec de longues attentes, soit un endroit pas vraiment adéquat pour une personne qui vient de subir un traumatisme.
Cette prise en charge variait suivant les lieux où elle se présentait mais aussi en lien avec la personnalité et la formation (ou l’absence de formation) de l’intervenant. Aucun trajet de soins, aucune systémisation de la prise en charge n’étaient définis. L’examen médico-légal dépendait de l’expérience de la personne qui le réalisait et il n’était réalisé que si la victime portait plainte.

Aujourd’hui, l’intimité

Actuellement, la victime arrivée dans un Centre de prise en charge des violences sexuelles est accueillie dans l’intimité, par des personnes disponibles et respectueuses qui prendront le temps de l’écouter, d’expliquer si besoin... Elle rencontrera d’abord l’infirmière légiste ou une sage-femme formée à l’examen médico-légal. Dans plus de 90 % des cas, il s’agira de femmes, dans 7,8 % das cas, d’hommes et dans 2,5 % des cas, de personnes transgenres et/ou non-binaires.
Certaines personnes arrivent spontanément, d’autres sont passées par un service d’urgence et ne connaissaient pas le Centre, d’autres encore sont amenées par le commissariat de police.
Ensuite, « il n’existe pas de prise en charge type mais des propositions que les victimes acceptent ou non, c’est à elles à décider ce dont elles ont besoin. Nous voulons leur redonner le pouvoir de décider tout au long de la prise en charge », précise Céline Van Vaerenbergh, sage-femme coordinatrice du CPVS de Bruxelles.
Il peut donc y avoir une prise en charge médicale, une prise en charge médico-légale, un accompagnement psycho-social, un accompagnement psychologique et une possibilité de porter plainte.

Porter plainte, peut-être

Si la personne souhaite porter plainte et que les faits se sont passés dans la semaine, le centre appelle le dispatching de la police. Un inspecteur des mœurs de garde pour le CPVS, doit arriver dans les deux heures pour auditionner la victime. En effet, une audition rapide peut faire avancer une enquête. Au-delà de sept jours, les traces médico-légales n’existent plus.
Si les faits datent de sept jours à un mois, le Centre contacte la zone de police, qui prend elle-même rendez-vous avec la victime pour une audition.
Si la personne hésite à porter plainte, les prélèvements obtenus lors de l’examen médico-légal sont conservés maximum six mois. Ils sont ensuite détruits mais porter plainte reste possible, sans accès aux prélèvements, mais avec le dossier qui a été constitué.
Le Centre ne s’occupe pas des aspects judiciaires mais aidera la victime en l’informant, la conseillant, l’orientant vers un service adéquat, comme un service d’aide aux victimes ou une maison de justice.
50 à 60 % des personnes portent plainte mais le chiffre est peut-être sous-estimé parce que les centres ne sont pas informés quand la plainte est tardive. Donc, toutes les victimes ne portent pas plainte. Pourquoi ? Pour différentes raisons, explique la coordinatrice du centre bruxellois : « Parce qu’il y a toujours beaucoup de honte autour des viols, beaucoup de peur vis-à-vis des services de police avec parfois de mauvaises expériences. Il faut aussi tenir compte de la précarité sociale – un indéniable facteur de risque – parce que certaines victimes, migrantes par exemple, vivent dans l’illégalité. Enfin, certaines personnes se disent qu’il y a plus de chances que leur plainte soit classée sans suite que l’inverse. Ce qui arrive, les preuves pouvant être difficiles à fournir ou manquantes. D’autre part, il n’est pas toujours nécessaire pour elles, pour leur reconstruction, de porter plainte. Elles ont l’impression que ça leur ferait plus de mal que de bien ».

En conclusion

Céline Van Varenbergh résume ses dires :
« La création des Centres de prise en charge des violences sexuelles vise à diminuer le chiffre noir de ces violences, c’est clair.
Pour nous, il s’agit d’offrir une prise en charge digne à ces victimes en leur offrant un endroit où elles se sentent en sécurité, un cocon dans lequel elles peuvent vraiment se sentir à l’aise pour être prises en charge. Notre but n’est pas qu’elles portent plainte mais de leur redonner le pouvoir de décider elles-mêmes ce qu’elles veulent, de ce dont elles ont besoin, de ce qui les aidera à vivre après ce traumatisme ».

Ultimes précisions

Tous les examens effectués au Centre sont gratuits pour tous les patients.
Et enfin, afin d’enregistrer la personne dans un dossier patient informatisé, une identité doit être indiquée mais cela ne doit pas forcément être l’identité officielle.

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