Nicolas Sarkozy, le président français de 2007 à 2012, vient d’être jugé par le tribunal correctionnel de Paris. Il était accusé d’avoir reçu de l’argent de la Libye pour financer sa campagne présidentielle, ce qui est interdit en France (comme en Belgique). Il était donc soupçonné de corruption et de financement illégal de sa campagne de 2007. Que dit le jugement et quelles en sont les suites ?
Mots-clés associés à cet article : Prison , Mandat d’arrêt , Appel , Arrestation immédiate , Billet d’écrou , Exécution provisoire , Mandat de dépôt , Incarcération , Sarkozy (Nicolas)
Le 10 octobre 2025, le tribunal l’a condamné à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs. Il n’est donc pas condamné pour corruption ou financement illégal de sa campagne électorale, mais parce qu’il a laissé des émissaires liés à cette campagne tenter d’obtenir de l’argent libyen. Il écope donc d’une peine importante : cinq ans de prison. Cette peine est justifiée, précise le tribunal, par « l’exceptionnelle gravité des faits » commis par un responsable politique qui souhaitait devenir président de la République.
Un « mandat de dépôt à effet différé » a également été délivré à l’encontre du condamné, avec « exécution provisoire » de la peine, précise le jugement. Qu’est-ce que cela signifie ?
De quoi s’agit-il en France ?
En France, un mandat de dépôt est une décision d’arrestation. Différé, cela veut dire que l’arrestation ne sera pas immédiate. Nicolas Sarkozy est rentré chez lui en sortant du tribunal, il n’a pas été immédiatement incarcéré, c’est-à-dire envoyé en prison.
En France toujours, une exécution provisoire de la peine signifie que cette peine doit être appliquée, même si le condamné va en appel.
Si l’on était en Belgique ?
Pas d’accord avec un jugement en première instance (donc au tribunal correctionnel ou au tribunal de police, par exemple), un condamné peut aller en appel : il demande ainsi un deuxième jugement. Il doit le faire dans les trente jours suivant sa condamnation. S’il ne le demande pas, le jugement devient définitif : en langage du droit, on dira qu’il est « coulé en force de chose jugée ». Le parquet envoie alors un « billet d’écrou », c’est-à-dire un courrier, pour informer le condamné qu’il doit se présenter à la prison à telle date pour y être incarcéré.
En revanche, si ce condamné va en appel, il n’exécute pas sa peine entre sa condamnation et ce deuxième jugement. Il reste donc en liberté, il ne paie pas d’amende ou encore il ne doit pas accomplir sa peine de travail : la décision rendue en appel se substituera en principe au premier jugement.
Mais il existe deux exceptions :
- la condamnation est de minimum trois ans sans sursis ; on peut craindre que le prévenu tente de ne pas effectuer sa peine ou qu’il commette de nouveaux délits ; le juge peut alors prononcer l’arrestation immédiate : le condamné va alors directement en prison, dès sa sortie du tribunal ;
- en exécution d’un mandat d’arrêt du juge d’instruction (qui veut éviter, par exemple que l’accusé disparaisse ou parce qu’il le considère dangereux), l’accusé était déjà en prison ; il était en détention préventive, donc en prison avant un jugement : dans ce cas, s’il est condamné à de la prison, il y retourne dès que le jugement est prononcé.
Précisons qu’en Belgique, on ne parle pas d’exécution provisoire mais bien d’arrestation immédiate. Et celle-ci conduit donc immédiatement le condamné en prison dès la sortie du tribunal. Sarkozy jugé en Belgique dans des conditions analogues qu’en France ne serait pas rentré chez lui après sa condamnation.
La suite ?
L’ancien président de la République a été convoqué au Parquet national financier de Paris le lundi 13 octobre 2025 pour connaitre la date de son incarcération. Il est entré en prison le 21 octobre dernier. Selon la loi française, dès son entrée en prison, étant donné qu’il a plus de 70 ans, il pourra faire une demande de mise en liberté, ce qu’il a immédiatement fait par l’intermédiaire de ses avocats.
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