Qu’est-ce qu’un abus de droit ?

C’est au juge de le dire

19 octobre 2025

Vous, moi, tout individu a de nombreux droits et ces derniers doivent être respectés. Par exemple, lorsqu’il s’agit de droits fondamentaux, de libertés, ils sont définis notamment dans la Convention européenne des droits de l’homme. Impossible de les énumérer tous, citons entre autres le droit à une vie digne, le droit à l’éducation, le droit d’avoir une famille, un nom, un pays ou encore le droit à la santé, à l’information, à l’expression, au travail, aux loisirs… Chaque État définit aussi de nombreuses autres lois…
Un droit doit évidemment être respecté mais cela ne signifie pas qu’il est absolu, que rien ne peut le limiter. C’est le cas lorsqu’il y a « abus de droit ».
Expliquons-nous.

Mots-clés associés à cet article : Responsabilité civile , Vivre-ensemble , Proportionnalité , Abus de droit

Quand ?

En mots de tous les jours, il y a abus de droit quand celui qui invoque ce droit exagère…
Exemple : Monsieur et Madame ont divorcé. Monsieur doit payer une pension mensuelle de X euros à Madame. Mais, quelques années plus tard, Monsieur a perdu son travail et sa situation financière est difficile. De son côté, Madame vit confortablement. Pourtant, elle réclame toujours la même pension à son ex-mari. Peut-elle toujours exiger cette pension ? N’y aurait-il pas « abus de droit » ?

Définition et critères

Commettre un abus de droit, c’est donc exercer ce droit de manière exagérée, c’est ne pas se comporter comme une personne prudente et raisonnable le ferait dans les mêmes circonstances.
Pour identifier un abus de droit, un juge se base sur différents éléments, différents critères.
Il examinera par exemple la proportionnalité : le droit de l’un nuit-il exagérément à l’autre ? Dans l’exemple ci-dessus, si Madame veut à tout prix obtenir sa pension alimentaire, ne lèse-t-elle pas gravement Monsieur alors qu’elle n’a pas réellement besoin de cette pension ?
Un juge tiendra également compte d’autres critères pour estimer qu’il y a bien « abus de droit ». Il pourrait y avoir abus de droit :

  • si l’objectif du respect du droit est seulement de nuire à autrui ;
  • s’il n’a pas d’intérêt raisonnable et suffisant ;
  • s’il ne répond plus à ce pour quoi il existait ;
  • s’il veut causer un préjudice alors qu’il aurait pu être exercé autrement .

Et après ?

S’il y a bien abus de droit, deux sanctions sont possibles.
Le droit est réduit « à son usage normal » : dans notre exemple, ce droit à une pension alimentaire existe pour permettre à Madame de vivre correctement, ce qu’elle peut faire avec une pension plus petite que ce qui avait été décidé. La pension pourra alors être diminuée.
Autre solution : la personne responsable de l’abus peut devoir réparer le mal, le tort causé par cet abus. Dans notre exemple, Madame pourrait devoir rembourser un versement effectué par Monsieur.

Le fait qu’il soit possible de constater un abus de droit manifeste la volonté de rechercher le juste milieu et la tempérance. Dans une société, il peut aider à mettre en évidence la bonne foi dans les relations entre personnes. Et ainsi apporter sa pierre au vivre-ensemble.

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