L’actualité commentée

Février 2024

Quand l’argent sale devient propre…

Le 29 février 2024

Des passeurs demandent de l’argent aux migrants pour leur faire traverser la mer Méditerranée… Des entreprises engagent des personnes illégales qu’elles ne paient pas correctement… D’autres vendent le bois d’arbres coupés dans des zones protégées… Des producteurs de drogue la diffusent dans le monde…

Photo @ PxHere

Du sale au propre

Toutes ces personnes récupèrent, gagnent donc de l’argent alors que leurs activités sont interdites, illégales.
Cet argent ne devrait donc pas exister ! Cet argent plus ou moins caché, secret, c’est ce qu’on appelle de l’argent « noir », de l’argent « sale ».
Évidemment, ceux qui le possèdent veulent pouvoir l’utiliser et, pour cela, il ne peut pas rester caché. Un trafiquant de drogue qui veut acheter des appartements par exemple, doit avoir de l’argent « propre », de l’argent qui peut exister selon la loi. Alors, pour pouvoir se servir de cet argent noir, il va le « blanchir ».
Blanchir de l’argent sale, c’est donc faire « quelque chose » pour qu’il devienne « propre ». Et, pour les escrocs, tous les moyens sont bons : ils vont, par exemple, faire de faux achats avec de fausses factures. La facture existe mais elle ne correspond à aucune marchandise. Exemple simplifié : X a vendu de la drogue achetée illégalement, l’argent qu’il a gagné est donc de l’argent sale, de l’argent noir ; il veut l’utiliser pour acheter une voiture mais, pour cela, il doit être blanchi ; il se met d’accord avec une entreprise de travaux ; à laquelle il demande de faux travaux mais une vraie facture ; il « paie » ces faux travaux, des travaux qui n’existent pas, en donnant l’argent sale à l’entreprise qui lui rend de l’argent « propre », blanchi, et qui garde au passage un pourcentage convenu avec X.

Différentes origines

En Belgique, la Cellule de traitement des informations financières (le CTIF, dites « cétif ») traque le blanchiment d’argent. Celui-ci peut avoir différentes origines. Il peut provenir :

  • de la corruption (un député accepte de l’argent pour défendre le point de vue de celui qui le paie) ;
  • du trafic d’êtres humains (de jeunes femmes croient arriver en Belgique pour travailler dans un restaurant et se retrouvent dans la prostitution) ;
  • de la fraude fiscale grave ou organisée (des travailleurs illégaux sont sous-payés) ;
  • du trafic d’armes (d’anciennes armes d’un pays en guerre se retrouvent sur le marché) ;
  • de la criminalité environnementale (des arbres coupés dans des sites protégés sont vendus en Europe…).

Comme un polar

Pour travailler, la CTIF doit être informée par des banques, des compagnies d’assurances et d’autres intervenants autorisés à les avertir de mouvements financiers suspects (des versements, des dépôts, de la circulation de fonds, etc.). Un exemple simplifié : une personne sans travail, sans revenu, a déposé une grosse somme d’argent, en cash, dans une banque. Mais d’où vient cet argent puisqu’elle n’en gagne pas ? Est-ce de l’argent blanchi ? Cette banque doit en avertir la CTIF.
Commence alors une véritable enquête pour trouver l’origine de cet argent. Comme dans un roman policier, comme un jeu de piste. La CTIF va utiliser les renseignements que révèle une carte bancaire (où et quand telle somme d’argent a été mise à la banque ?). Elle se réfère aussi à sa banque de données, c’est-à-dire à un rassemblement d’infos parmi lesquelles on retrouve de nombreux noms de personnes, de réseaux, etc.
Quand elle a réussi à retrouver l’origine de l’argent blanchi, la CTIF transmet le dossier à la justice, qui doit alors effectuer son travail, juger. En effet, la CTIF ne s’occupe ni de juger ni de punir ceux qui ont commis les différentes infractions au départ du blanchiment.
La CTIF est dirigée par un magistrat, Philippe de Koster. Septante personnes y travaillent, principalement des juristes et des économistes.
Elle est financée par les intervenants (banques, compagnies d’assurance, procureur général, etc.), qui sont seuls autorisés à lui envoyer des infos. Elle est indépendante mais doit remettre un rapport aux ministres des Finances et de la Justice.

Pour assurer l’ordre public

Sans contrôle du blanchiment et de son origine, l’argent sale revient dans le circuit légal mais il crée des problèmes, il le perturbe. Aujourd’hui, on sait aussi que des organisations criminelles sont riches et ne reculent devant rien pour faire leur sale boulot. Elles peuvent même menacer des enquêteurs ou des policiers.
Lutter contre le blanchiment, c’est faire en sorte « d’assurer l’ordre public », autrement dit faire en sorte que les règles qui permettent la vie en société soient respectées. Que l’État garde le pouvoir et ne le cède pas à des organisations criminelles.

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