Noël 2021 : les théâtres et d’autres lieux culturels doivent fermer leurs portes ! Ceux qui ne la respecteront pas devraient être punis.
Mots-clés associés à cet article : Procureur du Roi , Procureur général , Parquet , Classement sans suite , Poursuites , Politique criminelle , Covid-19 , Droit pénal , Transaction , Médiation pénale , Opportunité des poursuites
Pourtant, avant que cette décision ait été retirée par le Gouvernement, un procureur général, dit clairement qu’il ne poursuivra pas les infractions commises, que ce n’est pas une priorité ! Un procureur général est le plus haut magistrat d’un parquet, pourtant chargé de faire respecter la loi devant les cours et tribunaux.
Qu’est-ce que cela signifie ?
Le procureur est le magistrat qui représente et défend la société. Avec ses assistants, appelés substituts du procureur ou avocats généraux, il forme le parquet. Au niveau des territoires dont dépendent les tribunaux correctionnels (appelés les « arrondissements judiciaires »), il y a un « procureur du Roi » et, au niveau des territoires dont dépendent chacune des cinq cours d’appel (appelés le « ressorts »), le « patron » du parquet s’appelle le « procureur général ».
Le travail du parquet, c’est de rechercher ou de prendre connaissance de faits interdits par la loi. Autrement dit, il s’intéresse aux faits susceptibles d’être punis, aux infractions pénales commises par des personnes suspectées. C’est lui qui peut décider de convoquer ces personnes devant un tribunal, auquel il demande de les juger et, si elles sont coupables, de les punir. En langage juridique, on dira qu’il « poursuit » ces personnes.
Quand des faits mineurs, comme parfois de petits vols simples ou du tabagisme dans des endroits clos, ne sont pas jugés, les citoyens ont l’impression que la justice démissionne et se sentent abandonnés. Les responsables de ces faits peuvent, eux, ressentir un sentiment d’impunité et continuer à avoir des comportements délinquants.
En réalité, les parquets reçoivent de plus en plus de demandes, les tribunaux ont énormément de retard et les prisons sont surchargées. Il est devenu impossible de poursuivre tous les délits.
Que faire alors ?
Les parquets doivent faire des choix, déterminer des priorités. Mais un choix ne peut être décidé par un seul magistrat parce que ces décisions pourraient alors être arbitraires, injustes. Les magistrats doivent donc respecter un cadre qui guide leur choix : c’est ce qu’on appelle la politique criminelle. Celle-ci est définie par le Collège des procureurs généraux sous l’autorité du ministre de la Justice.
Certains comportements illégaux peuvent ne pas être poursuivis parce que cela causerait plus de mal que de bien : cela peut arriver quand un fait n’est pas très grave, qu’il ne s’est produit qu’une seule fois, que son auteur a compris ce qu’il s’est passé et a réparé le mal.
Quand il s’agit d’infractions graves, ne respectant pas les valeurs fondamentales, le procureur doit nécessairement poursuivre leurs auteurs. S’il ne le faisait pas, il ne protègerait pas la société. C’est le cas s’il y a atteinte à l’intégrité physique (meurtre ou viol), à la santé publique (trafic de stupéfiants), à la dignité des personnes (trafic d’êtres humains), à la propriété (vol à main armée), à l’ordre public (corruption), à la sécurité publique (terrorisme) ou à l’ordre économique (blanchiment d’argent).
Au fil des ans
La perception de certains comportements évolue au fil des ans. Alors que des années auparavant, ils ne paraissaient pas très graves, la société actuelle se sentirait insécurisée et ne comprendrait pas qu’ils restent maintenant sans réaction de la justice. C’est le cas, par exemple, des comportements violents vis-à-vis des femmes, du harcèlement ou des comportements racistes et xénophobes.
Cette même volonté de tenir compte des attentes sociales explique sans doute l’attitude actuelle des procureurs et la décision de ne pas poursuivre les opérateurs culturels qui ne respecteraient pas l’interdiction qui leur a été faite pendant quelques jours, à la fin décembre 2021, d’ouvrir leurs portes.
Dernière information : quand il n’y a pas de poursuites, il peut y avoir classement sans suite. Mais le Parquet peut aussi envisager d’autres suites, comme une médiation pénale ou une transaction.
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