Les rouages de la justice

Vivre sa peine hors prison

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Si des maisons (« de détention » ou « de transition ») remplaçaient les prisons ?

Le 29 octobre 2019

Une transition, c’est un « entre deux », un passage… Une première « maison de transition » vient d’être inaugurée à Malines par le Ministre de la Justice, Koen Geens

Une deuxième sera ouverte à Enghien en 2020. Ces maisons sont ou seront occupées par des détenus, après un séjour en prison et avant de retrouver la liberté.

Aujourd’hui…

En Belgique, les détenus vivent souvent dans des conditions difficiles, voire dramatiques : les prisons sont surpeuplées, les bâtiments sont en mauvais états, les agents pénitentiaires manquent de formation, il n’est pas possible de recevoir des soins normaux ou encore d’être rémunéré correctement pour un travail… Plusieurs articles de Questions-Justice évoquent ces questions : pour cela, sur le moteur de recherche du site, dans la partie « Recherche par mots-clés », saisissez « Prison », et vous aurez les titres des articles en question.
Pire : pendant leur détention, ces détenus sont peu aidés à préparer leur réinsertion dans la société. Une réelle prise en charge pourrait pourtant leur permettre de sortir meilleurs qu’ils ne sont entrés. Cela serait évidemment un mieux pour eux mais aussi pour la société : le risque de récidive serait moins important.
À plusieurs reprises, la Cour européenne des droits de l’Homme a sanctionné la Belgique parce qu’elle ne respecte pas des obligations vis-à-vis des détenus.
Pour de nombreux magistrats, avocats, visiteurs de prison, criminologues, le système pénitentiaire belge est à bout de course.

Une alternative

Un directeur de prison de Flandre, Hans Claus, et une équipe de criminologues et d’architectes réfléchissent depuis quelques années à une autre manière de concevoir une prison. Ils proposent la création de « maisons de détention ». Ils imaginent de petites habitations, occupées par une quinzaine de détenus. Les mesures de sécurité y seraient prises en fonction des occupants. Ces maisons seraient en ville pour permettre le maintien des contacts avec les proches. Et, contrairement à ce qui se passe en prison, les détenus bénéficieraient d’une réelle aide pour préparer leur libération définitive.
Hans Claus a convaincu le ministre de la Justice, Koen Geens, de lancer non pas une « maison de détention » mais, dans le même esprit, cette première « maison de transition » à Malines. L’objectif de cette dernière est similaire à celui des maisons de détention puisqu’il s’agit de travailler réellement à préparer la réinsertion des détenus. Précisons cependant qu’une maison de transition est accessible à des détenus qui ont déjà passé du temps en prison, sont proches de la libération conditionnelle et préparent leur sortie.
Le directeur de prison espère la réussite du projet « maisons de transition » et leur extension. Ensuite, toutes les peines pourraient se passer dans de vraies « maisons de détention » et non plus en prison.
À Bruxelles, toujours dans l’idée d’une transition entre la prison et la libération définitive, le Ministre Madrane avait lancé le projet d’une « maison de désistance ». La désistance (néologisme), c’est l’arrêt d’un parcours de délinquance.

Un paradoxe

Simultanément, le Ministre de la Justice poursuit donc deux projets contradictoires : d’un côté, l’ouverture de « maisons de transition », de l’autre, la construction d’une « méga-prison » à Haren.
En effet, pour tous les spécialistes, cette méga-prison est exactement l’inverse de ce qu’il faudrait faire pour qu’enfin l’État belge respecte ses obligations envers les détenus.

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