L’actualité commentée

Octobre 2023

Tous les demandeurs d’asile doivent pouvoir vivre dignement !

Le 17 octobre 2023

En Belgique aujourd’hui, plus de 2000 personnes étrangères vivent à la rue. Ce sont principalement des hommes seuls (Afghans, Syriens, Palestiniens, Turcs, Guinéens, etc.) arrivés dans notre pays pour lui demander asile en s’adressant à l’Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile (en bref, Fedasil).

Selon la loi du 12 janvier 2007, tout demandeur d’asile doit être accueilli dignement. Il doit pouvoir vivre dans un centre d’accueil où il sera logé et nourri. Il y attendra l’examen de son dossier et la reconnaissance ou le refus d’un statut de réfugié. C’est aussi ce que dit une directive de l’Union européenne (« directive », c’est l’un des noms que l’on donne aux lois de l’Union).
Depuis plusieurs années pourtant, {Fedasil} ne fournit pas aux candidats réfugiés l’aide matérielle à laquelle ils ont droit. La justice belge l’a condamné à de multiples reprises mais Fedasil n’a pas respecté les décisions de la justice. La Cour européenne des droits de l’homme, à son tour, a condamné la Belgique pour non-respect des décisions de la justice. Il en a été question dans un précédent article de Questions-Justice, « Des demandeurs d’asile à la rue - La Belgique ne respecte pas des décisions de Justice »

Pire encore

Le 29 août 2023, un communiqué de presse de la Secrétaire d’État à l’asile et à la migration, membre du Gouvernement fédéral, avertit : les places d’accueil seront dorénavant réservées aux familles avec enfants, les hommes seuls en seront exclus ! Voici donc ces hommes à la rue, sans aucune aide, sans protection à l’entrée de l’hiver. Impossible pour eux de vivre dans des conditions dignes.
Avec ce communiqué de la Secrétaire d’État, la crainte est réelle que la Belgique ne respecte de nouveau pas la loi.
Inquiètes et pas d’accord, différentes associations s’adressent en extrême urgence au Conseil d’État et lui demandent la suspension de la décision prise par la Secrétaire d’État.
Le 13 septembre, le Conseil d’État suspend effectivement la décision : puisque la loi prévoit que tout demandeur d’asile doit être accueilli, logé et nourri, aucune catégorie de personnes ne peut être exclue. L’État est obligé d’accueillir tous les demandeurs d’asile. Aucune exception n’est possible.
La Secrétaire d’État réagit et réaffirme cependant qu’elle ne respectera pas l’arrêt du Conseil d’État. Elle dit ne pas pouvoir faire autrement, les places nécessaires n’existant pas.
Les autorités publiques doivent pourtant respecter les décisions de la justice. C’est une règle dans un État démocratique .

Manque de places ?

Des places plus nombreuses qu’actuellement ont existé à certains moments mais, dès la diminution des demandes, les différents secrétaires d’État à l’asile et à la migration ont fermé des places. Et cela, sans jamais prévoir que la demande de places pourrait à nouveau augmenter.
Comme le relève Christine Flamand, dans son article sur le même thème publié sur Justice-en-ligne, « Le Conseil d’État a tranché : le droit des demandeurs d’asile de vivre dans des conditions dignes ne souffre pas d’exceptions », ne pas respecter cette décision, c’est sans doute aussi une manière pour la Secrétaire d’État de dire aux hommes seuls qui voudraient venir en Belgique qu’ils n’y seront pas accueillis et donc que ce n’est pas la peine d’essayer. Certains insinuent que les responsables politiques ayant pris cette décision espèrent obtenir plus de voix aux prochaines élections de la part des personnes opposées à l’immigration.
Les associations de défense des demandeurs d’asile ne sont pas d’accord. Elles estiment que des places pourraient être ouvertes si les autorités publiques le voulaient. Par exemple, ces dernières pourraient élaborer un plan de répartition des places d’accueil dans les différentes communes du pays ou leur octroyer une aide financière.
Quand on sait que plus de 60.000 Ukrainiens ont pu être accueillis en Belgique sans grands problèmes, on comprend mal la situation actuelle.

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